Adama, un humanitaire déterminé
qui a su tracer son chemin
Rencontre avec Adama, promotion 2019 de Responsables de projets Eau hygiène et assainissement formés à Dakar. Alors que rien ne le prédestinait à une carrière d’humanitaire, sa soif d’apprendre et sa détermination lui ont ouvert cette voie, et il vient aujourd’hui en aide avec Médecins Sans Frontières-Espagne aux déplacés internes du Burkina Faso, confrontés à l’insécurité et à de graves problèmes d’accès à l’eau.
Comment je suis devenu humanitaire
Deux éléments majeurs ont créé le déclic pour que je devienne humanitaire : dans un premier temps, j’étais engagé dans la promotion de la santé publique au sein de l’Institut National d’Hygiène Publique (INHP) du ministère de la Santé de Côte d’Ivoire. Il m’arrivait de représenter l’INHP lors des réunions de l’OMS ou de l’UNICEF. J’y ai noué contact progressivement avec d’autres acteurs humanitaires. Parallèlement, je me suis inscrit au centre de formation de la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire pour obtenir le Brevet National de Secourisme (BNS). Je n’avais aucune intention en filigrane, sauf mon désir naturel de quelqu’un d’insatiable, en quête continue d’apprentissage, pour toujours faire la différence. Tout au long des 3 mois de formation, j’ai été progressivement briefé sur le Mouvement Croix-Rouge. Ça a été là l’effet supplémentaire déclencheur qui a tracé ma carrière humanitaire. Ainsi, après mon BNS, je me suis inscrit comme Volontaire de la Croix-Rouge Comité d’Adjamé (le quartier où je réside à Abidjan), où je participais aux activités communautaires dans le cadre de l’assistance humanitaire.
De la fonction publique au secteur humanitaire
J’ai donc débuté mon parcours professionnel dans la fonction publique ivoirienne au sein du ministère de la Santé en qualité d’inspecteur sanitaire à la Direction de l’INHP à Abidjan. Puis grâce à la formation reçue avec la Croix-Rouge ivoirienne j’ai été sélectionné parmi une dizaine de volontaires comme promoteur d’hygiène dans l’un des plus grands camps de déplacés pour la réponse d’urgence aux mouvements massifs de populations internes, occasionnés par la crise post-électorale de 2010.
En 2012, j’ai été retenu par le bureau régional de la Fédération Internationale de la Croix-Rouge (IFRC) à Abidjan comme Assistant Programme Eau Hygiène et Assainissement (EHA. Par la suite je réussi à intégrer réellement la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire en qualité d’Adjoint Coordinateur Water, Sanitation and Hygiene (WASH – EHA en français) puis j’ai été promu coordinateur WASH juste après ma formation à Bioforce en décembre 2020. Quelques mois après, j’ai eu la chance d’être retenu par l’ONG britannique UK-MED comme conseiller WASH au sein de l’Equipe Médicale d’Urgence à Ndjamena au Tchad pour la réponse d’urgence au Covid-19 en appui au gouvernement tchadien. Aujourd’hui je travaille aux côtés de Médecins Sans Frontière-Espagne à l’Est du Burkina à Fada N’gourma et à Gorom-Gorom au Sahel comme Responsable Logistique et Eau-assainissement.
Au secours des déplacés internes au Burkina Faso
Les régions du Sahel et de l’Est du Burkina sont caractérisées par une instabilité chronique due à l’occupation par des groupes terroristes installés depuis environ 5 ans, et qui se sont même sédentarisés. Leur velléité à assurer le contrôle total de ces zones se manifeste par de perpétuelles représailles et raids contre les localités et provinces abritant des combattants pro-gouvernementaux appelés les Volontaires de la Paix (VDP). Nos équipes répondent, prioritairement, à des besoins d’assistance médicale. L’approche de MSF consiste à appuyer les centres de santé dans ces zones d’intervention : soins, équipement en ouvrage et matériels, apport de personnel qualifié et renforcement des capacités du personnel local pharmacie/ stockage et fourniture de médicament essentiels. A cela s’ajoutent nos interventions WASH qui sont orientées vers la communauté pour répondre aux besoins en eau des populations déplacées et des communautés hôtes, dans la région de l’Est. Cette région fait véritablement face à des problèmes d’approvisionnement en eau, liés à sa géographie et à son climat. Une situation exacerbée par le déplacement massif, et récurrent, de populations, en proie à des attaques permanentes de plus en plus atroces, qui sont forcées de fuir leur localité rurale ou semi-urbaine vers les grandes villes et les communes de plus grande importance, pour trouver plus de sécurité. On intervient là aussi pour leur distribuer des kits d’hygiène, de dignité, et bien sûr des kits nutritionnels.
Ma vision et ma détermination m’ont amené là où je suis
Je suis fier aujourd’hui de mon cheminement professionnel avec tant d’années au service et au plus près des populations. C’est ma vision et ma détermination qui m’ont amené là où je suis actuellement. Ma détermination me permet à chaque fois d’atteindre successivement mes objectifs. Les difficultés, on en rencontre toujours, mais pour moi elles font partie intégrante de la vie. Depuis le ministère de la Santé, jusqu’à cette fonction au sein de MSF, mon engagement professionnel et ma détermination m’ont été d’un apport incommensurable. Je ne fais pas dans la demi-mesure, et quand je m’engage c’est à fond !
Mon conseil à ceux qui voudraient s’engager
Je dirais à mes enfants, frères, collègues et autres connaissances qui voudraient s’engager dans l’humanitaire de se fixer des objectifs clairs, puis de se former dans une école spécialisée en la matière dans un domaine de compétence bien précis, en lien avec leur ambition et leur profil de base. Le plus important par-dessus tout, c’est de croire en votre rêve et en votre engagement. C’est votre engagement et votre volonté de bien faire qui vous aideront à réussir votre parcours humanitaire.