Le légendaire « French Doctor » interrogé par la nouvelle génération d’humanitaires

Avant de partir en mission, ces futurs humanitaires ont interrogé le légendaire « French Doctor » sur de nombreux thèmes : que garder de l’humanitaire des débuts ? Les financements de l’aide humanitaire seront-ils de plus en plus restrictifs ? Quels conseils pour les femmes humanitaires ? Quels conseils pour réussir sa carrière dans l’humanitaire ? Comment renforcer la collaboration entre la France et les pays d’Afrique de l’Ouest, entre pays d’Afrique ? Lors de cet échange, Bernard Kouchner a largement insisté sur “l’état d’esprit des volontaires, l’esprit pionnier, de dévouement qui doit perdurer, dans un monde où tout a changé et rien n’a changé depuis la crise du Biafra en 1969”. Au premier rang de ses conseils aux étudiants qui s’apprêtent à partir sur le terrain, le French Doctor a martelé : “il faut être sincère, d’abord être sincère, ne pas penser qu’on est supérieur aux autres. Être sincère, c’est aussi être humble et disposé à apprendre des autres autant qu’on leur apprend, et être ouvert à la culture des autres. C’est fructueux, c’est productif de faire des choses ensemble. Ne pas penser qu’on est le meilleur : on peut être bon dans un secteur particulier et pour autant avoir à apprendre des autres. J’ai toujours pensé que l’humanitaire devait être un échange.”

“C’est vous qui faites le droit humanitaire”

Interrogé sur la portée du Droit international humanitaire, aujourd’hui mis à mal dans de nombreux contextes, Bernard Kouchner les a encouragés : “c’est vous qui faites le droit humanitaire – les juristes, l’ONU, apportent leur pierre, mais ce sont surtout les volontaires, donc vous, par votre pratique quotidienne. Mais le Droit humanitaire n’est pas gravé dans le marbre : j’ai créé le droit d’ingérence, il a été voté à l’assemblée générale et au conseil de sécurité de l’ONU, mais il a été oublié aussi vite ! En réalité, il y a surtout un sentiment, celui d’être aux côtés des autres, aux côtés de ceux qui vous appellent, la nécessité d’une fraternité. C’est sur le terrain qu’on fait changer les choses. C’est vous, futurs humanitaires, qui avez un savoir qui va servir de moteur au changement !”

Devant des étudiants enthousiasmés, depuis Lyon et Dakar, Bernard Kouchner les a félicités : “L’heure est venue de vous engager et vous avez un avantage avec Bioforce parce que c’est un enseignement sérieux. Vous avez eu la chance de profiter de cette formation qu’on n’avait pas du tout dans les années 70. Je crois beaucoup à Bioforce, qui est une garantie de travail, qui vous donne un avantage technique en plus de votre engagement. Je suis très heureux de vos états d’esprit d’engagement et de service aux autres. Je suis très fier de vous et très fier d’avoir été celui qui vous a accompagnés tout au long de cette année !”

À propos

Bernard Kouchner est co-fondateur de deux des plus grandes ONG françaises : Médecins Sans Frontières (Prix Nobel de la Paix 1999) en 1971 et Médecins du Monde en 1980 et a été sept fois ministre (de la Santé, de l’Action Humanitaire, des Affaires Étrangères) entre 1992 et 2010. Il a soutenu et s’est rendu à Bioforce à de nombreuses reprises à Lyon-Vénissieux et à Dakar. Sa dernière visite au Centre de formation Bioforce Afrique date de 2017.

Bioforce est une association qui forme aux métiers et compétences du secteur humanitaire. Depuis 40 ans, ses formations sont développées en collaboration avec les ONG pour s’adapter aux réalités du terrain. Bioforce dispose de deux centres de formation : le centre de formation Europe basé à Lyon en France et le centre de Formation Afrique à Dakar. www.bioforce.org

« La seule université humanitaire, c’est Bioforce ! »

Retrouvez l’entretien accordé par Bernard Kouchner à Bioforce lors de la rentrée de la 39e promotion