Alors que les avions cargos se succèdent à l’aéroport de Lyon St-Exupéry pour apporter masques et matériel sanitaire, notre diplômé Bioforce Guillaume Pradel a été appelé il y a quelques semaines pour travailler à la gestion logistique de ces arrivées pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes. « J’ai reçu un coup de fil de Bioforce suite à une demande de la Région pour des bénévoles trois jours avant le démarrage à proprement parler, c’était le 3 avril dernier » explique Guillaume, d’une voix posée, répondant à nos questions entre deux urgences. Celui qui a été diplômé Bioforce en logistique, promo 2012, est pour le temps de la crise sanitaire les yeux et les mains de la Région sur les commandes de matériel sanitaire.

Son rôle consiste à apporter un soutien logistique à la Région et aux équipes de DHL : il intervient ainsi sur la gestion de la base de données des commandes et organise le « kitting », le reconditionnement des masques en kits prêts à être envoyés. « Il existe une zone d’entreposage dans l’Hôtel de région à Lyon et une autre zone, « délocalisée » à l’aéroport, où j’interviens. Mon rôle c’est faire le transfert d’information et le suivi. On a démarré avec Guillaume Noailly, le référent Bioforce en logistique et supply chain, pendant une journée et après je me suis retrouvé en autonomie. Je suis secondé par une autre diplômée Bioforce de la même promo que moi, Émeline Michon qui a fait la formation post-bac Responsable de l’environnement de travail et logistique humanitaire ».

Aujourd’hui, Guillaume est à son poste d’AMO (Assistant Maîtrise d’Ouvrage) à la Région, le garant de la mise à jour des données dans le logiciel de stock commun aux bases et le représentant de la Région sur le site de DHL. « Le plus important c’est que la machine DHL se mette en route rapidement et de la manière la plus fluide possible pour la création de kits et l’envoi aux destinataires. La communication, le transfert d’information entre les deux énormes machines que sont DHL et la Région Auvergne Rhône-Alpes, c’est un enjeu crucial. Dans cette crise, chacun a un peu tâtonné. Il a fallu assurer la traçabilité, élément inhérent à la création d’un système de distribution ».

Les tâches sont multiples, de la réception des commandes sur le tarmac au suivi des commandes clients. « Les commandes internationales proviennent principalement de Chine, et très marginalement de fournisseurs français comme des plateformes de matériel médical ou des opérateurs comme Cdiscount. En dehors de leur provenance et leur localisation, je n’ai à mon niveau aucune information sur la marchandise que nous réceptionnons. Je procède ensuite à l’intégration des marchandises dans le stock de DHL qui dispose de son propre système de données et je fais le suivi de projet au niveau de la Région. Je réalise la mise à jour des données du logiciel pour suivre le flux de marchandises : ce qui rentre et ce qui sort. Enfin, j’organise l’expédition et le suivi des commandes aux clients : ce sont des dons de la Région ou de la revente aux collectivités ».

Les envois peuvent alors se faire très rapidement : une commande transmise en fin de journée peut partir dès le lendemain matin. « Mais, complète Guillaume, lorsque les adressages, c’est-à-dire l’adresse du destinataire, ou les quantités ne sont pas les bons ou changent en cours d’envoi, la machine se grippe. Nous avons eu des problèmes au début, aujourd’hui le système est rôdé et fonctionne très bien ». Pour cela, il a fallu créer des lignes de communication claires avec des indicateurs précis, car comme pour la réception d’un colis chez un particulier, toutes les livraisons n’aboutissent pas : parfois, la personne destinataire n’est pas disponible au moment de la livraison, ou la structure (des EPAHD, des pharmacies) est fermée. « La chaîne de communication est équivalente à la chaîne logistique au début d’une mission d’urgence : il faut être ingénieux et penser à mille choses pour fluidifier les échanges. J’ai un contact avec les transporteurs mais je n’interviens qu’au moment où je réceptionne réellement la marchandise, en m’assurant avec DHL que les quantités sont les bonnes. On parle ici de millions de masques, et compte tenu de la situation, le site dispose bien évidemment de personnels de sécurité en très grand nombre ».