
Campus Éphémère : le Liban, au cœur de l’écosystème humanitaire régional
Retour sur la soirée inaugurale du Campus Éphémère Bioforce marquée par le dialogue, la coopération et l’engagement au Liban, qui a réuni ministres, universitaires, ONG et acteurs de terrain autour du thème « Le Liban, au cœur de l’écosystème humanitaire régional ».
Retour sur la soirée inaugurale
Le 20 octobre 2025, dans le grand auditorium de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, s’est ouverte la première édition du Campus Éphémère Bioforce au Liban. Autour du thème « Le Liban, au cœur de l’écosystème humanitaire régional », cette soirée inaugurale a réuni la ministre libanaise des Affaires sociales, le recteur de l’Université Saint-Joseph, la vice-présidente de l’association MADA, le directeur Liban/Syrie de la Croix-Rouge française, ainsi que de nombreux représentants d’organisations de la société civile, d’universitaires et de partenaires internationaux.
Cette première rencontre, qui donnait le ton d’une semaine consacrée à la formation, aux échanges et au renforcement des capacités, a été ouverte par le Révérend Père François Boëdec, Recteur de l’Université Saint-Joseph. Il a salué la naissance d’un partenariat « fondé sur la confiance, l’estime et une vision partagée du rôle de la formation face aux crises ».
« Le Liban, a-t-il déclaré, est par son histoire et sa position géographique, au cœur de l’écosystème humanitaire régional. Il est naturel qu’il accueille ce campus, lieu de réflexion, de formation et d’échanges entre tous ceux qui ne veulent pas baisser les bras. Ce que nous faisons ici, ensemble, c’est préparer des acteurs capables de répondre avec agilité et détermination aux défis d’aujourd’hui et de demain. »
« Le Campus Éphémère répond à ce dont le Liban a besoin le plus aujourd’hui : des personnes formées et la confiance dans notre capacité à réagir. »
Le président de Bioforce, Bernard Sinou, a rappelé la raison d’être de ce Campus et de la présence de Bioforce dans la région :
« Depuis plus de quarante ans, Bioforce s’engage à renforcer les compétences des acteurs humanitaires pour que chaque crise trouve une réponse plus adaptée, plus locale et plus durable. Le Liban, par son histoire, sa position stratégique et la vitalité de sa société civile, est un pilier de cet écosystème. Dans un contexte mondial où les financements de la coopération internationale sont mise à rude épreuve, nous devons plus que jamais soutenir les acteurs de la région et leur donner les moyens d’agir. »
La ministre des Affaires sociales, Hanine Al-Sayyed, a, quant à elle, salué cette initiative comme « une contribution concrète au renforcement du rôle du Liban dans les réponses sociales et humanitaires, en lien étroit avec les organisations locales et les autorités publiques». Le Campus Éphémère, partenariat entre Bioforce et l’Université Saint-Joseph (USJ) « répond à ce dont le Liban a besoin le plus aujourd’hui : des institutions plus fortes, des personnes formées, et une nouvelle confiance dans notre capacité à réagir. En temps de crises, ce sont nos travailleurs sociaux, nos coordinateurs qui sont en première ligne, a t-elle rappelé« .
Regards croisés sur les défis et les solutions d’un Liban solidaire
Animée par Florence Villedey, directrice générale de Bioforce, la table ronde qui a suivi a permis de confronter les points de vue et d’illustrer la richesse des approches.
La chercheuse Houwayda Matta Bou Ramia, enseignante à l’Université Saint-Joseph, a dressé un constat sans détour : « Le Liban connaît des crises multiples, économiques, politiques, écologiques, sociales, qui se superposent et s’alimentent. Nous vivons dans un pays où cohabitent à la fois les populations réfugiées les plus nombreuses au monde par habitant, et une jeunesse libanaise en exil. Mais malgré cela, ce pays reste un espace de résilience, d’accueil et d’innovation. Il nous faut une stratégie nationale claire, fondée sur la concertation, pour faire de ces fragilités des leviers d’action collective. »
De son côté, Lina Khoury, vice-présidente de l’association MADA, a témoigné de la force d’une société civile qui refuse la fatalité.
« Notre travail vise à réduire la dépendance à l’aide humanitaire pour aller vers l’autonomie et la souveraineté alimentaire. Nous avons choisi de relier humanitaire et développement, de nous appuyer sur les savoirs locaux et la confiance des communautés. C’est cette proximité, cette connaissance intime des réalités du terrain, qui rend possible une transformation durable. »
Enfin, Andrea Putelli, directeur Liban/Syrie de la Croix-Rouge française, a insisté sur la valeur du modèle libanais de coopération :
« Le Liban est un exemple régional. La Croix-Rouge libanaise travaille avec toutes les institutions, toutes les communautés, toutes les confessions. C’est cette capacité de dialogue et d’accès universel qui en fait un acteur clé dans la région. À l’heure où les crises se multiplient et où les financements se raréfient, c’est cette intelligence collective qu’il faut renforcer. »
En conclusion, Florence Villedey a rappelé l’essence même du projet porté par Bioforce :
« La localisation de l’aide n’est pas un slogan, c’est une transformation nécessaire. Le Campus Éphémère est un outil concret pour renforcer les acteurs locaux, partager les savoirs et co-construire les réponses de demain. »
Un Humanitarian Pop-up pour célébrer la solidarité en action
La soirée s’est prolongée dans une atmosphère conviviale avec un Humanitarian Pop-up, véritable marketplace solidaire éphémère. Dix organisations de la société civile libanaise y ont présenté leurs actions, leurs innovations et leurs projets. Autour des stands, les échanges ont été nombreux et enthousiastes — une illustration vivante de ce que Bioforce souhaite encourager : un espace d’apprentissage collectif et de coopération entre pairs, au service d’un même objectif, celui de renforcer la solidarité au Liban et dans toute la région.
Un lancement sous le signe du dialogue et de la confiance
« Former, coopérer, agir ensemble : c’est ainsi que nous pourrons relever les défis à venir », a conclu Florence Villedey, sous les applaudissements. Cette première journée du Campus Éphémère s’est imposé comme un espace d’échanges, d’apprentissage et de mobilisation encourageant les ONG libanaises à faire entendre leurs voix et s’est conclue sur une note d’optimisme et d’engagement partagé.
Tout savoir sur nos Campus Ephémères 2025
De Beyrouth à Lyon, en passant par La Réunion et le Sahel, Bioforce réunit cette automne des centaines d’acteurs de la solidarité pour renforcer les capacités locales et partager les savoirs qui font la différence sur le terrain. Un cycle de Campus Éphémères pour affirmer une conviction forte : la formation est au cœur d’une solidarité plus efficace, plus humaine et plus durable.