Changer les mentalités, bâtir l’avenir : la jeunesse en mouvement au Campus Éphémère Liban
Lors du Campus Éphémère Bioforce de Bioforce à Beyrouth, le side event Youth & Civil Society Engagement a donné la parole à une génération de jeunes Libanais et Libanaises déterminés à transformer leur société. De la lutte contre le mariage des enfants à la réinsertion des jeunes détenus, leurs témoignages ont illustré la force de l’engagement citoyen au service du bien commun.
Des jeunes Libanais qui transforment l’engagement en action
Dans la grande salle de l’École Supérieure de Travail Social de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, l’atmosphère était à la fois grave et mobilisateur. Ce TED Talk inédit, organisé par Bioforce en partenariat avec l’USJ et l’École supérieure de travail social, a réuni des jeunes issus de toutes les régions du Liban. Tous ont en commun une conviction : le changement naît de l’action. « Ce ne sont pas de simples présentations, a prévenu en introduction la modératrice de la séance, mais des histoires de courage, d’innovation et de leadership. »
Mish Waata : jouer pour faire reculer le mariage des enfants
Deux étudiantes, Deema et Vanessa, ont captivé le public avec leur projet Mish Waata (“Pas encore le moment”), un jeu de société bilingue qui sensibilise aux conséquences du mariage précoce.
“We live in a country with no unified civil law on marriage… some allow it at the age of nine.” « Nous vivons dans un pays sans loi civile unifiée sur le mariage… certaines communautés l’autorisent dès neuf ans. »
« Quand j’ai tiré la carte d’une fille de 14 ans forcée de se marier, j’ai pensé : cela aurait pu être ma sœur. »
Leur initiative, soutenue par le British Council et plusieurs universités, vise selon ses conceptrices à “faire pression pour qu’une loi civile fixe l’âge du mariage au Liban à 18 ans, sans exception.”
Aujourd’hui, le jeu circule déjà dans des cafés, écoles et universités, devenant un outil d’éducation civique et de débat public.
Children in Detention : donner une seconde chance
Les jeunes juristes Kareem Hijaz et Mohammad Zreik ont ensuite partagé leur travail sur la réinsertion des mineurs détenus pour des faits liés à l’extrémisme violent.
« Je me demandais si cette erreur m’avait coûté toute ma vie. » « En prison, j’ai appris le véritable sens de la vie. »
Leur projet, soutenu par la Fondation Hariri met en lumière la réalité de 138 mineurs incarcérés au Liban, souvent sans suivi psychologique à leur sortie. Ils plaident pour des programmes éducatifs, professionnels et psychosociaux afin de prévenir la récidive et d’encourager la réintégration : « Tout être humain mérite une seconde chance. »
Cedrix : santé mentale et entrepreneuriat solidaire
Autre initiative inspirante, le collectif Cedrix est né au sein du programme Youth Connect du British Council. dont l’objectif de créer un dialogue entre les jeunes qui habitent dans des régions en conflit. Sa fondatrice, Maria, a raconté comment un groupe de jeunes issus d’horizons divers a décidé de s’attaquer à deux urgences : le manque de soutien psychologique et les difficultés d’accès à l’emploi.
“We realized that Lebanon should be built on opportunities — not divisions.” (« Nous avons compris que le Liban doit se reconstruire sur les opportunités, pas sur les divisions. »)
Leur action combine accompagnement entrepreneurial, formations en ligne et espaces d’écoute pour les jeunes en détresse. Malgré l’arrêt des financements, Maria souligne :
“The story of Cedrix does not end here — it’s meant to continue.” (« L’histoire de Cedrix ne s’arrête pas ici — elle est faite pour continuer. »)
Youth Leadership Program : s’engager pour l’environnement
Enfin, une participante du Youth Leadership Program a raconté son parcours depuis l’explosion du port de Beyrouth en 2020 jusqu’à son engagement pour le climat. “When you have the knowledge and the passion, you can sit at the decision-making table.” (« Quand on a le savoir et la passion, on peut s’asseoir à la table des décisions. ») Son message à la jeunesse : “It doesn’t matter if your start is small — as long as you start.” (« Peu importe si l’on commence petit, l’essentiel est de commencer. »)
Une jeunesse actrice du futur
Clôturant la session, le représentant du British Council a salué la force de ces témoignages : « Ces initiatives peuvent vraiment changer les choses — et la force de la jeunesse peut y parvenir. » Entre courage, lucidité et créativité, ces jeunes Libanais prouvent qu’ils sont déjà des bâtisseurs d’avenir. En leur donnant la parole, le Campus Éphémère Bioforce a fait plus que célébrer l’engagement : il a rappelé que la solidarité se construit d’abord par la voix de celles et ceux qui refusent la résignation.
Tout savoir sur nos Campus Ephémères 2025
De Beyrouth à Lyon, en passant par La Réunion et le Sahel, Bioforce réunit cette automne des centaines d’acteurs de la solidarité pour renforcer les capacités locales et partager les savoirs qui font la différence sur le terrain. Un cycle de Campus Éphémères pour affirmer une conviction forte : la formation est au cœur d’une solidarité plus efficace, plus humaine et plus durable.