Des mouvements limités

A l’approche des élections générales de décembre dernier, dans un contexte politique troublé, des mouvements de groupes armés et des affrontements ont commencé dans plusieurs zones du pays. Les blocages aux frontières se sont intensifiés, particulièrement sur l’axe menant au Cameroun, lieu de positionnement des  groupes armés. Les marchandises ont été bloquées durant plusieurs semaines « On anticipe une augmentation considérable des prix sur les produits importés et manufacturés. Les magasins sont peu ou mal achalandés », explique Jacques Etienne, coordinateur de projet Bioforce. À Bangui, un couvre-feu est entré en vigueur avec  interdiction permanente de circulation des taxi-motos dont on redoute qu’ils ne transportent des armes.

Cette dégradation rapide de la situation a impacté la mise en œuvre de nos activités en Centrafrique, et les équipes Bioforce ont dû prendre des mesures préventives, notamment une limitation des mouvements et la réduction du personnel non essentiel à Bangui. Présent depuis 2018 en Centrafrique pour renforcer les capacités de près de 300 Organisations de la société civile, Bioforce intervient particulièrement depuis février 2020 auprès d’une de ces ONG nationales, African Relief Service (ARS). Notre stratégie d’intervention aux côtés d’ARS est double : renforcer ses capacités structurelles, mais aussi opérationnelles en l’accompagnant dans la mise en œuvre d’actions de soins de santé primaire dans le district sanitaire de Bégoua. ARS y vient en appui à 3 centres de santé et y mène des activités communautaires de sensibilisation (prévention du paludisme, promotion de la vaccination contre la rougeole, respect des gestes barrières contre la transmission du Covid-19) et de dépistage de la malnutrition.

« Les consultations ont reculé de moitié durant cette période. C’est autant de personnes qui n’ont pas accès aux soins. »

Un impact immédiat sur l’accès aux soins des populations

« La crise a mis les équipes d’ARS en standby, elles ont été confrontées à de nombreuses difficultés pour répondre aux besoins des populations, explique Jacques. Entre mi-décembre et mi-janvier, elles ne pouvaient plus se rendre sur le terrain. Déplacements suspendus, contexte sécuritaire incertain… en accord avec le coordinateur national d’ARS, nous avons mis en place une stratégie de remote control avec des contacts par téléphone avec les centres de santé pour la remontée des données et un approvisionnement régulier des produits pharmaceutiques. Depuis mi-février la situation revient sensiblement à la normale. »

ARS déploie ses actions sur 3 zones géographiques à partir de Bégoua : « Les chefs de centre de santé, les chefs de groupement et des notables locaux ont continué à nous alimenter en information, qui nous ont permis de constater que les problématiques étaient différentes sur ces trois axes », énumère Jacques. Sur le premier axe, les casques bleus de la Minusca se sont installés autour de l’aire de santé. « Nous ne pouvions pas nous permettre d’être trop visible sans laisser croire que nous avions choisi un camp. » Sur le deuxième axe, le centre de santé a pu poursuivre les consultations malgré la présence de groupes armés. « Seules les populations à immédiate proximité du centre arrivaient encore à venir, complète Jacques. Les populations plus éloignées ne se déplaçaient pas parce qu’elles ne voulaient pas être agressées ou prises en otage ». Enfin, sur le dernier axe, les équipes du centre de santé ont été confrontées à de fortes difficultés dans un contexte sécuritaire dangereux, « les groupes armés ayant fait de cet endroit reculé en brousse un bastion ». De nombreuses communautés y ont été déplacées.

L’impact a été immédiat pour les 3 zones cependant : une chute du nombre de consultations dans les centres de santé. « Les consultations ont été à l’arrêt durant le début de la crise avant de reprendre petit à petit. Elles ont toutefois reculé de moitié, tombant à environ 150 par mois sur chacun des axes. C’est autant de personnes qui n’ont pas accès aux soins. »

Poursuite du programme de formation

Les limitations de déplacement ont étonnement eu un impact positif sur la conduite du programme de formation des équipes d’ARS par Bioforce : « La dynamique de remote control a forcé tout le monde à être au bureau. Certaines formations pour lesquelles on avait des difficultés logistiques d’organisation ont pu du coup se faire en présence de tous les membres ».

Depuis quelques jours, les équipes d’ARS peuvent à nouveau se déplacer et une évaluation de l’impact de la crise sur le projet va être réalisée. Le programme de formations des collaborateurs d’ARS se poursuit aussi, avec certaines formations très attendues, en gestion de projets, en gestion financière ou en redevabilité.

 

 

Avec les équipes ARS

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RCA : RENFORCER LES CAPACITÉS LOCALES À ŒUVRER POUR LA RÉSILIENCE DES POPULATIONS ET LA RÉPONSE AUX CRISES

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