« Les chevaliers blancs » en salles : un film sur la dérive d’une association humanitaire
Aujourd’hui sort en salles « Les chevaliers blancs », un film de Joachim Lafosse avec Vincent Lindon librement inspiré de l’affaire de l’Arche de Zoé. L’équipe et les élèves de l’Institut Bioforce étaient réunis en nombre à l’avant-première lyonnaise le 5 janvier dernier en présence de Vincent Lindon.
L’HISTOIRE
Jacques Arnault, président de l’ONG « Move for kids », a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d’exfiltration d’orphelins d’un pays d’Afrique dévasté par la guerre. Entouré d’une équipe de bénévoles dévoués à sa cause, il a un mois pour trouver 300 enfants en bas âge et les ramener en France. Mais pour réussir, il doit persuader ses interlocuteurs africains et les chefs de village qu’il va installer un orphelinat et assurer un avenir sur place à ces jeunes victimes de guerre, dissimulant le but ultime de son expédition…
L’affaire dont s’inspire le film avait fait grand bruit à l’automne 2007 : les responsables d’une association française, l’Arche de Zoé, présentée comme recueillant des orphelins du Darfour étaient arrêtés avec 103 enfants au Tchad alors qu’ils s’apprètaient à embarquer dans un avion affrété pour l’Europe. Les enfants étaient destinés à être accueillis pour adoption dans les familles qui avaient fait des dons à l’organisation. Certain membres arrêtés sont condamnés par la justice tchadienne pour « tentative d’enlèvement de mineurs ». Graciés par le président tchadien, l’affaire reste en cours en France.
« Dans l’humanitaire il y a une dimension de renoncement »
Au cours du débat qui a suivi le film, Jean-Pierre Veyrenche, Diplômé Bioforce et ancien coordinateur de formation à l’Institut (à l’origine de la formation aujourd’hui nommée « Responsable de Projets Eau Hygiène et Assainissement ») a pris la parole pour donner son avis en spectateur puis est intervenu comme « expert humanitaire » à l’invitation de Vincent Lindon pour répondre aux questions des autres membres de l’assitance.
L’acteur au cours du débat, s’est adressé à nos étudiants : « Si quelqu’un vient voir une ONG dans quelques années en disant qu’il a vu ce film et qu’il veut s’engager sur le terrain, mais pas comme ceux du film, précise Vincent Lindon, alors je me dis que je suis fier de ce que j’ai fait, alors ça valait le coup que je fasse ce film. Gardez votre idée idyllique de l’humanitaire, parce qu’il vaut toujours mieux en faire que pas du tout. Le film montre que l’humanitaire c’est pas tous les jours génial, mais être civique c’est pas toujours être idyllique ».
« Ce film nous donne à réfléchir sur les travers d’une mission dite « humanitaire », sans pour autant instruire à charge ou à décharge » explique Jean-Pierre Veyrenche.
Bande annonce
1h52’
Réalisé par Joachim Lafosse
Avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli et Reda Kateb
Sortie en salles en France le 20 janvier 2016
« Dans un premier temps, ma mission a consisté à monter deux plateformes logistiques à destination de tous les humanitaires pour approvisionner les camps de réfugiés de façon optimale, puisqu’on a des freins logistiques dans ce pays-là et qu’il y a un énorme volume de distribution à organiser.
C’est un contexte où le gouvernement bangladais est très fort, veut maîtriser cette crise, donc il a été très difficile d’avoir toutes les autorisations, mais aussi de se faire connaître des autres ONG puisqu’il n’y a pas un système de coordination efficace. C’est dû au fait qu’il y a un vide juridique dans lequel se trouvent les Rohingyas. Ils ne sont ni réfugiés, car sans nationalité, ni déplacés, parce qu’ils n’étaient pas au Bangladesh avant. Donc ce vide a donné un vide d’organisations humanitaires, compliquant considérablement les projets. »
A lire : Les activités au Bangladesh de l’ONG Handicap International
Cet article a été publié dans le numéro 1 de la Lettre d’Information Bioforce