Tremplins : les parcours qui inspirent

La soirée a débuté avec des témoignages d’étudiants Bioforce, Hagar et Cyrus, soutenus par la Fondation ENGIE. Ils ont partagé leur parcours, souvent marqué par des contextes difficiles au Tchad ou en RCA, et la manière dont leur formation leur a permis d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir des acteurs de changement. « La première chose qu’on apprend, c’est le savoir-être, travailler ensemble » a expliqué Hagar. Cyrus a quant à lui souligné l’importance de comprendre la logistique au-delà de la technique : « C’est du management, de la gestion budgétaire, et bien plus encore. » Leurs marraines, Christelle Machet et Violaine Vernay, salariées d’ENGIE et bénévoles au sein d’Énergie Assistance France, ont témoigné de l’enrichissement mutuel apporté par leurs expériences solidaires sur le terrain, de la Guinée à Madagascar.

Traits d’unions : relier les crises locales et globales

La table-ronde qui a suivi a offert une vision croisée des défis rencontrés dans le travail solidaire, depuis les rues de Lyon jusqu’au Liban.

Rima Mawad, Directrice de l’École Libanaise de formation sociale de l’Université Saint-Joseph, a livré un témoignage poignant sur les conséquences sur les acteurs libanais de solidarité des crises complexes et sans fin qui affectent son pays : « Nos étudiants doivent gérer leurs émotions pour aider les autres, alors qu’ils vivent eux-mêmes sous la menace. Ils doivent être prêts à gérer les crises alors même qu’ils sont affectés ; prêts aussi, dans l’urgence, à préparer la suite. On doit aussi leur apprendre à garder éthique et empathie professionnelle alors qu’ils sont en conflit profond avec les causes de la guerre. Et les aider à allier exigences des bailleurs de fonds et réalités du terrain. On espère que notre partenariat avec Bioforce va nous permettre d’aller de l’avant sur tous ces points. »

Pierre Micheletti (SOS Méditerranée) a insisté sur l’interdépendance des problématiques entre le proche et le lointain, avec la mondialisation, le changement climatique, les nouvelles maladies, et les flux migratoires qui en sont les symptômes. Il a souligné l’importance de combiner humilité, éthique et professionnalisme : « Ni bienfaisance incompétente, ni domination : il faut des compétences et du savoir-être pour travailler auprès des autres, dans des contextes d’insécurité où les aidants n’ont plus d’immunité. »

En France, Marion Veziant-Rolland (Foyer Notre Dame des Sans-Abris) et Lucas Decourtis (Fondation Armée du Salut) ont rappelé les parallèles entre les crises locales et internationales. « La fatigue de compassion, la neutralité, ça résonne en nous, et nous mettons en œuvre des mesures pour permettre aux professionnels d’absorber la précarité. Par contre, il est évident qu’il faut que nous connaissions mieux les parcours migratoires qui amènent les personnes ici, ou que nous développions des compétences logistiques. La solidarité est partout effectivement, et elle exige des compétences adaptées à des réalités en constante évolution. »

Alain Mérieux, président de la Fondation Mérieux, a rappelé en conclusion l’importance de penser la solidarité sur le long terme : « On croit savoir beaucoup de choses, mais sur le terrain, on apprend qu’on ne sait rien. La solidarité, ici comme ailleurs, doit se construire en partenariat, pas en top-down. »

La soirée en images

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Enrichir les pratiques pour un impact durable

Cette soirée a été un appel vibrant à continuer de professionnaliser le travail solidaire, à relier les défis locaux et internationaux, et à renforcer les compétences techniques et humaines. Comme l’a résumé Dorothée Lintner, directrice générale de Bioforce : « Le travail solidaire est un travail de lignes de crêtes. Formez-vous régulièrement, remettez en cause vos pratiques, pour vous et vos équipes. »

Le Campus de la Solidarité se poursuit ce soir avec une nouvelle thématique : « Mobiliser », en partenariat avec la Fondation de France. La Fondation de France proposera une table-ronde participative pour développer l’engagement citoyen et améliorer la préparation et la réponse aux crises et catastrophes. « Pourquoi se préparer? A quoi se préparer? Comment se préparer? » avec Karine Meaux et Delphine Alarousse de la Fondation de France, Véronique de Geoffroy, Groupe URD, et Norbert Cariou, Ville de Grenoble.

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Guerre, crise migratoire, fragilités sociales et climatiques : l’Europe est aussi un territoire de vulnérabilités. Mieux préparer les acteurs de solidarité ici à répondre à ces nouveaux types de crise est l’enjeu du Campus de la Solidarité organisé par Bioforce du 19 au 22 novembre prochain. Et si l’humanitaire était une piste ?