« Quand notre équipe s’est rendue sur place, les personnes les plus fragiles, dont de nombreux enfants, étaient déjà très mal en point. Certains étaient déjà presque morts de soif.”

Dès sa formation de chauffeur-mécanicien en 1993, Lawan Oumara LAWAN MAROUMA sait qu’il veut se consacrer à la solidarité. Son parcours professionnel, cette même année, débute d’ailleurs dans une ONG locale à Niamey (Niger). Il y restera 12 ans. Il décroche son premier poste de logisticien en 2006, au sein de l’ONG Oxfam. Cette première expérience lui permet de travailler pour Médecins sans frontières (MSF), Handicap International et Save the children, toujours au Niger. En 2014, il est recruté par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à Diffa, où il travaille encore aujourd’hui.

“Actuellement, je gère une équipe pluridisciplinaire de 22 personnes, composée d’un acheteur, d’un gestionnaire du parc véhicule, d’un mécanicien, de chauffeurs… ma principale mission est d’encadrer cette équipe, et de veiller au respect des procédures dans tous les domaines qui nous concernent. Nous gérons aussi les stocks et le transport de 1 600 à 3 000 tonnes de vivres par mois. Je participe aussi aux réunions sécuritaires, au recrutement du staff logistique, à la réception de médicaments, je gère les dossiers d’achat dans la construction, le transport, la recherche de fournisseurs, j’établis le budget prévisionnel mensuel, etc.”, énumère fièrement Lawan Oumara, qui a également suivi des formations continues en logistique ainsi qu’en gestion financière et administrative au sein des ONG dans lesquelles il a évolué au fil des années.

Un enthousiasme resté intact malgré certaines expériences particulièrement marquantes sur le terrain, inévitables dans l’humanitaire. Lawan Oumara ne cache pas avoir vécu des moments difficiles en quinze ans de métier, notamment dans une zone telle que Diffa, au sud-est du Niger. Depuis plus de cinq ans, cette région est la cible d’attaques du groupe jihadiste nigérian Boko Haram et du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, issu de Boko Haram), et abrite selon l’ONU plus de 300 000 réfugiés et déplacés.

“La mission qui m’a le plus marqué a été celle qui nous a été confiée il y a quatre ans”, raconte le logisticien. A l’été 2016, les villes de Bosso et Yébi sont attaquées par Boko Haram, entrainant le déplacement de près de 50 000 personnes selon les estimations officielles. “Ils ont tout laissé pour fuir. Comme c’était une attaque nocturne, nous n’avons appris la nouvelle que le lendemain matin. Nous avons alors dépêché une équipe pour estimer leurs besoins. La première urgence a été l’eau : la plupart avait fui si rapidement qu’ils n’ont même pas eu le temps d’emporter une bouteille. Quand notre équipe s’est rendue sur place, les personnes les plus fragiles, dont de nombreux enfants, étaient déjà très mal en point. Certains étaient déjà presque morts de soif”, raconte Lawan Oumara, qui reçoit alors pour consigne prioritaire d’approvisionner les déplacés en eau, au plus vite. “C’était la première fois que je me retrouvais confronté à un problème de cette taille : trouver une citerne suffisamment grande. Il m’a fallu deux jours. En attendant, nous avons commencé par une première citerne de 10 000 litres et de l’eau en sachets de 500 ml… ce n’était même pas suffisant pour répondre aux besoins de tous, c’était très frustrant. Mais quand j’ai finalement trouvé ce dont j’avais besoin, cela a été un immense soulagement”.

Pour Lawan Oumara, ces dénouements représentent la motivation nécessaire pour continuer, progresser dans sa carrière. L’idée d’un diplôme complémentaire s’impose à lui de plus en plus au fil de ses recherches. Le centre de formation Bioforce lui est alors recommandé par des expatriés avec lesquels il travaille et qui remarquent son engagement sur le terrain. Il rencontre un chargé d’accompagnement de Bioforce spécialisé en solidarité au cours d’un entretien individuel d’une heure, qui l’aide à identifier ses compétences et à définir son projet professionnel, qu’il comporte ou non une formation du centre.

Il découvre la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), qui permet d’obtenir une certification en fonction de son expérience professionnelle sans passer par une formation dite “classique”, mais en présentant un dossier complet à un jury. “Cela m’a particulièrement plu parce que ce processus me permet de faire reconnaître mes compétences et d’obtenir une certification tout en continuant de travailler. J’ai pu constituer mon dossier et postuler sans être obligé de quitter mon travail, mon pays, et de rencontrer des difficultés financières pour me loger et payer une formation loin de chez moi”, explique le logisticien, en référence à des préoccupations récurrentes chez de nombreuses personnes désireuses de se former et/ou de faire reconnaître leurs compétences professionnelles. Choisir Bioforce était pour lui une évidence. “Les formateurs sont des professionnels issus du terrain, et ils connaissent le contexte. Il y a certes d’autres écoles, mais Bioforce sort du lot et reste de loin la meilleure. J’ai d’ailleurs été accompagné dans la construction de mon dossier par l’équipe de Bioforce”, souligne-t-il.

Une telle certification lui permet de réfléchir à sa carrière actuelle de logisticien, et d’aspirer à d’autres postes. “Idéalement, j’aimerais d’abord trouver, toujours au Niger, un poste d’assistant coordinateur logistique, ce qui me permettra d’acquérir de nouvelles compétences. Et plus tard, suivre d’autres formations, avoir de nouvelles responsabilités, et pourquoi pas, découvrir d’autres pays francophones”.

 


Mise à jour 24 août 2020 : Depuis la publication de cet article, Lawan Oumara travaille pour Humanité et Inclusion au Niger, au poste de Responsable Logistique Pays.

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