Après Bioforce, que deviennent nos étudiants ?
Ca y est, nos étudiants viennent de quitter fraichement les bancs de Bioforce, et à la joie d’avoir suivi et terminé leur formation, se mêle l’appréhension de trouver une mission sur le terrain. Et pourtant leurs prédécesseurs y sont arrivés. Nous avons recueilli leurs conseils et leurs témoignages. Lisez plutôt…
Philippe, formation Logisticien en 2016
Avec un CAP métallurgie en poche, Philippe a travaillé à l’étranger pendant 25 ans avant de revenir en France en 2015. Des discussions avec des amis humanitaires l’encouragent dans son souhait de réorientation, ils lui recommandent même Bioforce. Philippe pousse alors les portes de notre centre en Europe et suit la formation de Logisticien humanitaire. Il était présent pour partager avec nos étudiants ses deux missions au côté de MSF Belgique en tant que Responsable Logistique et Approvisionnement : la première au Burundi en 2017 pendant 6 mois sur l’Arche Kigobé, un hôpital privé de 75 lits soutenu par MSF qui soigne les victimes de traumatismes et de brûlures à Bujumbura, la capitale du Burundi. La seconde mission, dont il vient à peine de rentrer, s’est déroulée en Afghanistan pendant 8 mois à l’hôpital Ahmad Shah Baba à Kaboul. Là-bas, les équipes d’MSF offrent des soins pédiatriques, une prise en charge de la malnutrition et soutiennent la prise en charge des personnes affectées par la tuberculose.
« Quand on a fini la formation à Bioforce, on a plein de connaissances et d’informations. Je ne savais pas comment m’en servir, mais j’ai découvert ça sur le terrain, et grâce à ces outils et à ceux que nous donne notre ONG, on n’est pas perdu quand on arrive en mission. En plus, vous verrez que l’on croise énormément de personnes qui ont fait Bioforce sur le terrain ! » Philippe conclut son témoignage par quelques conseils aux étudiants : « Prenez le temps. Le temps d’écouter vos équipes, d’aller voir les autres départements, les RH, et faites-vous des amis. Le sourire, c’est la plus belle porte pour rencontrer du monde. Et surtout, ne vous découragez pas. »
Aloys, formation Coordinateur de projet humanitaire en 2017
Infirmier de formation, Aloys a enchaîné les missions de courte durée avec MSF France dans différents contextes : catastrophes naturelles, déplacements de populations, épidémie Ébola, tremblement de terre au Népal ou conflit comme au Yémen, où il a été directeur d’hôpital. Frustré d’exercer des responsabilités essentiellement médicales, il rejoint la formation de Coordinateur de projet humanitaire à Bioforce, qui lui offre des perspectives plus généralistes. C’est aussi pour lui une occasion de rencontrer des personnes d’horizons différents, porteuses d’expérience professionnelle avec d’autres ONG. Il nous confie avoir particulièrement apprécié les Applications Terrains, les exercices grandeurs natures, car il a pu expérimenter d’autres métiers qu’il connaissait moins.
Engagé sur la question des migrants en Europe, Aloys postule chez MSF (section hollandaise) pour travailler sur un projet de sauvetage en Mer Méditerranée. Il nous raconte avec passion sa mission : « J’ai coordonné les opérations de sauvetage à bord du bateau « l’Aquarius » pendant 7 mois jusqu’à ce qu’on soit contraint de les arrêter en octobre 2018. Par la suite, j’ai aussi coordonné la reprise de ces mêmes opérations, car nous nous obstinions : tant que des gens continueraient à perdre la vie en mer, on ne s’arrêterait pas. Un bateau va donc bientôt repartir[1]. C’est un contexte dur et politisé, et en tant que coordinateur de projet, j’ai vraiment été exposé aux médias car j’y représentais à la fois les opérations et l’organisation.»
[1] « L’Ocean Viking » sillonne la Mer Méditerranée depuis le 21 juillet
Providence, formation Responsable Ressources Humaines et Finances de 2017
« Terminer la formation sans avoir été contactée par un recruteur fait peur, mais je suis la preuve qu’avec le bagage acquis auprès de Bioforce aucun test ni entretien ne peut être un défi pour l’obtention d’une mission. » Providence vient de Goma en République Démocratique du Congo, et elle est actuellement Responsable Ressources Humaines et Finances au Cameroun avec l’organisation Médecins Sans Frontières Suisse. Elle travaille pour un projet dans l’extrême nord du pays, où depuis 2017, l’ONG a intensifié ses activités pour permettre des soins d’urgence aux victimes de violence.
Avant d’intégrer Bioforce, Providence est Assistante RH-Finances avec l’ONG Solidarités International pendant près de 5 ans. C’est sa volonté d’évoluer et de monter en responsabilité dans son domaine qui l’a conduite « vers la seule organisation, Bioforce, qui pouvait rendre mes rêves possibles ». Démissionner d’un poste pour suivre une formation est considéré comme une folie par ses proches, d’autant plus que le marché du travail est très saturé en RDC. Qu’à cela ne tienne, Bioforce vient d’ouvrir ses portes à Dakar, elle fonce. Pour Providence, à travers ses différents modules et simulations pratiques, la formation Bioforce englobe toutes les fonctions d’un responsable RH et Finances sur le terrain. Elle lui permet de mieux comprendre le rôle et les responsabilités de ce métier. Aussi, lors de sa première mission, elle réussit la mise en œuvre d’un projet de grande envergure, avec près de 250 collaborateurs : à chaque obstacle, à chaque doute, elle se réfère à ses notes et aux acquis de la formation dans lesquels elle trouve toujours des réponses.
A la nouvelle vague d’humanitaires qui a célébré sa fin de formation en juillet dernier, Providence exprime encouragements et paroles rassurantes : « le refus d’un recruteur ne veut pas dire que vous n’êtes pas compétent, mais seulement que votre profil n’est pas celui recherché. Quelque part un autre n’attend que votre CV pour travailler avec vous.»
Aboubacar, formation Logisticien de 2017
« C’est un travail très stressant, mais aussi un travail passionnant parce qu’à la fin, j’arrive à voir les résultats de mes efforts c’est-à-dire la satisfaction du bénéficiaire… »
Aboubacar commence son expérience en logistique dans une entreprise privée au Burkina Faso. Il aspire ensuite à intégrer une association de solidarité internationale. Après avoir pris le temps de se former à Bioforce, il décroche un poste de Logisticien terrain chez MSF. Il part d’abord au Congo, puis au Nigéria, et aujourd’hui il est en charge du management du département logistique au Nord du Mali sur l’un des plus grands projets de MSF. Sa mission sur ce projet est de venir en support aux activités opérationnelles, notamment les activités médicales. Sur cette mission les défis sont importants car le volume d’activité est élevé : Aboubacar et son équipe travaillent sur cinq centres de santé communautaire, un centre de santé de référence et 36 aires de santé nomade.
« La formation que j’ai suivie à Bioforce m’aide régulièrement dans mes tâches quotidiennes ici à MSF, notamment les deux principales choses que nous avons apprises, le savoir-faire et le savoir-être, qui sont vraiment importants pour un parcours brillant sur le terrain » nous dit-il. Tout en félicitant la nouvelle vague d’humanitaires fraichement sortis de Bioforce et en espérant les rencontrer sur le terrain, notre logisticien terrain les invite à bien travailler leur CV et leur lettre de motivation, et les encourage à maitriser l’anglais. Il conclut son témoignage en exprimant sa joie de savoir qu’aujourd’hui, après eux, d’autres promotions d’humanitaires arriveront pour réaliser un travail de qualité sur le terrain pour aider les populations vulnérables.