Bachelor humanitaire : Hannah en stage en Grèce auprès des personnes exilées
C’est une grande aventure et une première véritable expérience humanitaire au cœur de sa formation qu’a vécu Hannah. Cette étudiante en deuxième année du Bachelor post bac proposé par Bioforce a choisi de s’engager auprès de l’organisation EuroRelief, avec les personnes exilées en Grèce. Elle raconte son expérience.
Choisir une association humanitaire : « Il y a tellement de pays, de missions à faire »
« Ça va être dur de rentrer parce que… j’adore ! » lance Hannah quand nous l’avons interrogé en avril dernier, depuis l’île de Samos en Grèce où elle s’est installée pour son stage humanitaire.
Au sein d’associations ou d’ONG internationales, tous les étudiants de 2e année du Bachelor de Bioforce partent de 3 à 4 mois en stage sur le terrain pour intervenir dans la logistique d’un projet de développement : maintenance, achats-approvisionnement, gestion de stock, transport ou distribution, réhabilitation/construction ou campagnes de vaccination… C’est l’engagement rêvé, dans la durée, à l’endroit du monde de leur choix : les stages humanitaires Bioforce sont réalisés partout où il y a des besoins, au Togo ou en Serbie, à Madagascar ou au Pérou, au Népal comme à Djibouti. Objectifs de ce stage humanitaire : acquérir une vraie expérience de terrain, travailler en autonomie et tester ses capacités d’adaptation dans le contexte de pays en développement.
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« C’était dur au début de choisir une association pour ce stage, poursuit Hannah, parce qu’il y a tellement de pays, de missions à faire. J’aurai pu choisir de travailler avec des enfants, ou faire de la WASH ou de la construction mais les réfugiés, ça m’a plu rapidement. C’est un sujet qui fait beaucoup parler, beaucoup fantasmer. Je me suis dit pourquoi pas ? Avant le Covid, j’allais faire du bénévolat à Calais qui est à 1h de chez mes parents, mais le Covid est arrivé rapidement. Je n’ai pas pu travailler avec les réfugiés mais l’intérêt était déjà là.
Mes parents m’ont encouragée, ils sont contents que je me positionne sur cette thématique.
Après des premières recherches de stage en juin dernier, j’ai décidé de m’orienter un peu plus sur les réfugiés et les personnes déplacées à partir de la rentrée.
J’ai alors regardé en Pologne, en Turquie et en Grèce : le nom d’EuroRelief a émergé. J’ai envoyé un mail et ils cherchaient des bénévoles.
Ça a été assez rapide.
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En savoir plus sur l’association EuroRelief
« Des personnes arrivent mouillées après la traversée en mer ou ont froid parce que leurs vêtements ne sont pas adaptés. »
Stage humanitaire : « On n’est pas lâché, c’était rassurant. »
Comme EuroRelief ne figurait pas dans la base de données Bioforce, j’ai dû faire une fiche de positionnement et remplir un certain nombre de documents. L’attente ressentie était un peu longue lorsqu’on envoie les documents, parce que le siège de l’organisation est à Athènes. Différents endroits de mission étaient envisageables : à Lesbos ou à Samos, là où je travaille. Rétrospectivement c’était quand même finalement assez rapide, il ne s’est passé qu’un mois entre le moment où j’ai envoyé ma première demande et la réponse.
Après une phase d’euphorie parce que j’ai été acceptée, j’ai un peu stressé en réalisant que voilà, ça allait arriver. Je n’ai en revanche pas eu d’appréhension pour parler ou rédiger en anglais car c’est ma langue maternelle. Je préférais vraiment quelque chose en anglais parce que j’étais plus à l’aise avec cette langue. En revanche, je ne suis jamais allé en Grèce : j’ai mené des recherches avant de partir, j’ai même essayé d’apprendre la langue, mais entre collègues ou avec les bénéficiaires on parle surtout avec les mains. Nos bénéficiaires parlent arabe, farsi ou dari et les langues parlées au Sierra Leone. Beaucoup parlent aussi français.
Il y a beaucoup de bénévoles à EuroRelief dont la plupart viennent d’Allemagne, des Pays-Bas ou du Canada et certains sont arrivés en même temps que moi, donc c’était plus facile de s’intégrer. Il n’y avait pas beaucoup de personnes qui se connaissaient déjà, c’était plus facile pour s’intégrer. La plupart sont très jeunes comme moi, moins de 20 ans, et quelques-uns ont la soixantaine.
Arrivée à Samos, on m’a récupérée à l’aéroport, puis amenée directement à mon logement. On m’a donné quelques informations et je me suis retrouvée seule avant que mes colocs, eux aussi bénévoles à EuroRelief ne rentrent du travail. Une autre nouvelle bénévole est arrivée un peu après : je me suis sentie moins perdue. Tous les bénévoles ont un briefing d’arrivée : de nombreuses informations sont données, on n’est pas lâché, c’était rassurant.
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Dans un camp de personnes exilées à Samos : « On entend beaucoup d’histoires : pourquoi certains sont partis, ce qu’ils ont vécu durant la traversée. »
EuroRelief est une association religieuse, chrétienne. Ça veut dire qu’il y a des moments dans la journée où les équipes se réunissent pour des prières, des lectures de la Bible, des chants. Je savais en y allant qu’EuroRelief est une association religieuse, mais j’imaginais quelque chose de peu marqué. Ces moments ne sont pas obligatoires, ils restent à la volonté de chacun : moi je suis dans la salle et ça ne me dérange pas, mais je ne participe pas.
Les actions que l’on mène à EuroRelief varient tous les jours et cette polyvalence, c’est vraiment cool. L’association fait du transport à l’hôpital, du ramassage des ordures et on a un entrepôt pour des distributions : il y a un magasin « gratuit » où les nouveaux arrivés peuvent trouver des vêtements. Je suis coordinatrice de ce magasin de vêtements. On propose un « kit » avec un tee-shirt, un haut à manches longues ou un pantalon, des chaussettes, des sous-vêtements, des sandales : des choses très basiques. Les nouveaux arrivants ne peuvent pas sortir du camp tant qu’ils n’ont pas de papiers et ça peut prendre plusieurs semaines. Donc on donne des vêtements, parce qu’il y a des personnes qui arrivent mouillées après la traversée en mer ou qui ont froid parce que leurs vêtements ne sont pas adaptés. C’est le minimum, particulièrement pour les enfants.
Parmi les autres actions, on recueille quelques informations sur les personnes dans le camp : s’ils ont des enfants, on leur donne un bon pour des jouets, quelques petits cadeaux. Donc on va chez les gens, on leur demande combien ils ont d’enfants et leur âge pour organiser ces distributions.
Il y a actuellement 2 500 personnes dans le camp de Samos, mais ça varie énormément. C’est à la base un camp organisé pour 2 000 personnes. Quand je suis arrivée, on était à 3 500 et c’est monté à 4 000 personnes, mais beaucoup de gens sont partis. Pour autant, ce weekend, on a eu 40 nouveaux arrivés et 40 autres hier.
La plupart des personnes que je rencontre sont d’Afghanistan, de Syrie, de Sierra Leone. Il y en a aussi du Congo, du Niger, d’Afrique du Nord. Une personne a même traversé l’Atlantique, elle est originaire d’Amérique latine. Ce sont majoritairement mais pas uniquement des hommes seuls, particulièrement syriens ou afghans, mais il y a aussi des femmes et des enfants et un grand nombre de familles. On compte environ 25% d’enfants dans le camp.
Il y a évidemment beaucoup, beaucoup de misère. Bien sûr. On entend beaucoup d’histoires : pourquoi certains sont partis, ce qu’ils ont vécu durant la traversée.
Et puis, ici, le camp est surpeuplé, les conditions de vie sont très difficiles, entre le manque d’eau -on en a deux heures par jour quand on a de la chance-, le manque d’hygiène, le manque de soins. Il y a une infirmière pour 2500 personnes et l’hôpital est dans la ville, en dehors du camp. Les relations ne sont pas toujours faciles, un praticien qui aurait agressé une réfugiée, des insultes… Mais voilà, on n’a pas le choix ici. On fait attention à ne pas rouvrir des traumas surtout : certains se retrouvent bloqués seuls ici alors qu’ils ont de la famille en Europe, d’autres ont vu les membres de leurs familles assassinés, kidnappés, ou noyés dans la traversée. On a une équipe de soutien psychologique.
« À Samos, j’ai mis en application ce que j’ai appris à Bioforce sur l’interculturalité et la gestion du stress »
Je rencontre généralement ces gens lors de leur venue au magasin de vêtements. Lors de leur arrivée, un ticket avec une date une heure de rendez-vous leur a été remis. Il s’est donc passé seulement quelques jours entre leur arrivée et leur venue jusqu’à moi. Je trouve des gens timides, pas vraiment à l’aise. Il se passe beaucoup de choses autour d’eux et personne n’est là pour prendre le temps de les accueillir, leur expliquer comment ça fonctionne. On fait ce travail-là, on essaye de bien expliquer, orienter. La communication n’est pas évidente, à cause de la timidité et le manque d’interprète mais on se parle avec des gestes pour savoir comment ils vont. Fournir des vêtements, c’est quelque chose de très basique, mais ils sont très reconnaissants, ça semble quelque chose d’extraordinaire après ce qu’ils ont traversé. C’est très beau.
De notre côté, on gère les stocks, on dresse les inventaires : chaque fois que quelqu’un prend quelque chose, tout est noté, et les jeudis on gère le réapprovisionnement. C’est de la pure logistique. Je me suis posé des questions sur mon utilité, mes fonctions en arrivant mais en réalité, j’étais très contente quand je me suis retrouvé devant mon tableur, un Google Sheets de gestion des stocks, que personne n’arrivait à comprendre ni modifier et que tout me paraissait très naturel parce que c’est mon domaine. Je l’ai transformé, amélioré et je suis très contente de pouvoir aider dans ce domaine. Idem pour les questions de Warehouse ou de transport : les cours de Bioforce m’ont donné ces capacités, m’ont permis d’être plus opérationnelle quand des collègues peuvent se sentir moins à l’aise au début. C’est un peu comme un puzzle : quand je ne sais pas faire ou expliquer, je peux m’appuyer sur les autres membres de l’équipe. On est complémentaires, on s’entraide.
A Bioforce, on travaille beaucoup sur l’interculturalité, la gestion du stress : des choses que j’ai mis en application ici. J’étais contente parce que ce sont donc des choses que je connaissais, je n’étais pas perdue.
Les relations avec les habitants de Samos peuvent parfois être compliquées : on voulait par exemple déménager et changer d’entrepôt il y a quelques semaines mais on s’est rendu compte que de nombreux propriétaires ne souhaitent pas louer à des ONG que ce soit des locaux ou des appartements pour les équipes. Il y a eu beaucoup de tensions entre associations et habitants dans les autres îles de la Grèce, mais on le ressent quand même moins à Samos où on trouve régulièrement des gens qui nous remercient d’être là.
C’est un stage qui se passe bien, avec des activités techniques qui sont en lien avec ce qu’on apprend à Bioforce. Il y a des activités de logistique, d’approvisionnement, de coordination, et en plus de l’interculturalité tant avec les collègues que les bénéficiaires. C’est une super expérience que je recommande en tout cas ! Et on recherche des bénévoles en continu car il y a beaucoup de départs, de turn-over.
Ce stage, m’a en tout cas donné envie de continuer à m’investir auprès des réfugiés et des migrants.
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