Retour sur une cérémonie entre recueillement et encouragement à l’action solidaire

En présence de nombreux partenaires de Bioforce, Handicap International, Médecins du Monde, la Métropole de Lyon, la Ville de Vénissieux et l’Académie de Lyon, les nouveaux étudiants ont été accueillis par Bernard Sinou, président de Bioforce. Il a invité ces 201 futurs humanitaires, “prochaine force de frappe à s’engager auprès des populations”, à “profiter de ce temps privilégié pour prendre une nouvelle dimension, par la formation et par ce que vous allez vous apporter les uns les autres”. Il a également rappelé à quel point toute l’équipe Bioforce était heureuse de les accueillir « en présentiel » dans le contexte sanitaire que l’on connaît.

Hommage à Stella et Nadifa

Les deux jeunes femmes, diplômées Bioforce (promotions 2017 et 2019) font partie des huit victimes de l’attentat perpétré le 9 août dernier au Niger. Diane Cadiergue, leur coordinatrice de formation, a appelé les étudiants à trouver réconfort et soutien au sein de leur nouvelle communauté : “Aujourd’hui apprentis, demain humanitaires professionnels : votre formation à Bioforce vous apportera plein de choses, mais elle ne vous immunisera pas contre la souffrance. Celle que vous allez rencontrer sur le terrain, celle qui justifie l’action humanitaire, celle qui sera peut-être, un jour, la vôtre. Pas de vaccin donc, mais un remède : la solidarité.”

Place à la marraine de promotion

Les nouveaux étudiants de cette 38e promotion ont ensuite pu faire connaissance avec leur marraine, Bénédicte Schutz, directrice de la Coopération Internationale de la Principauté de Monaco et ancienne humanitaire elle-même. Devant une assemblée masquée et répartie dans plusieurs salles, Covid oblige, Bénédicte Schutz a délivré quelques messages lors d’une allocution enthousiaste :  « Une formation est faite pour arrêter de s’agiter de l’intérieur, se poser les bonnes questions, et basculer ses perspectives, c’est la richesse absolue de cette année de pause”. Et d’ajouter : “L’humanitaire est l’un des rares domaines dans lequel on vit rarement une crise existentielle professionnelle à 40 ans. Parce que les situations et les personnes changent tout le temps. Parce que ça reste une passion, une vocation”.

Pour apporter inspiration et courage aux nouveaux étudiants, la marraine de cette nouvelle promotion a évoqué la notion d’antifragilité de l’auteur libano-américain Nassim Nicholas Taleb, qui prône la nécessité d’accepter l’aléatoire et l’imprévisibilité de la vie : « La vie ne peut pas se dérouler sans aléatoire, sans choc, sans stress, sans crise. Pour mieux se préparer à la vie, il faut développer de l’antifragilité. Quand le choc arrive, on l’accepte et on sait alors réagir. » Et d’ajouter : « En mission, avoir peur dans une situation dangereuse est normal et sain. Avoir peur de ne pas choisir la bonne solution, de ne pas recruter la bonne personne, avoir peur de prendre des risques inutiles, tout cela est normal et même un bon moteur de remise en cause… C’est quand on cesse d’avoir peur que cela devient dangereux pour soi et pour les autres. »

Et la marraine de promotion d’encourager ses étudiants à atteindre le principe d’ikigaï : « Pour atteindre la plénitude et l’accomplissement, il faut tendre à faire la synthèse de 4 choses : ce que l’on aime, ce pour quoi on est doué,  ce pour quoi on est payé, et ce dont le monde a besoin. Passion, vocation, profession, mission ! »

« Prenez soin de vous »

Parmi les anciens élèves venus témoigner auprès de leurs successeurs, Thomas, coordinateur logistique avec Médecins sans Frontières, tout juste revenu du Yémen et prêt à partir pour la Grèce, n’a pas hésité à partager son expérience à la fois au sein de Bioforce : “ce fut l’une des plus belles années de ma vie. On vit des moments intenses avec les coordinateurs de formation, des situations vécues en formation ressurgissent quand on est en mission » – et sur le terrain. Il a également dispensé quelques conseils aux futurs humanitaires : “Prenez soin de vous, même si c’est la chose la plus difficile à faire, car le risque c’est de considérer comme normales des choses qui ne le sont pas. C’est crucial de savoir identifier quand on est à bout, parce qu’on perd ses capacités à aider les autres”. Même son de cloche pour Denis Ricca, représentant des diplômés au Conseil d’administration de Bioforce, qui les a encouragés également à tisser le plus de liens possibles avec les populations des pays d’intervention. C’est une nouvelle élève qui a apporté la plus belle conclusion à cette matinée : “Je suis frappée par ce partage d’émotions, d’énergies et de témoignages, c’est encore plus que j’en attendais et je vous en remercie”.

La cérémonie en images

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