Je me suis dit « Qu’est ce que je fais là ? »

Comment je suis devenu humanitaire ? Mon parcours n’est pas si banal je crois, c’est l’histoire d’un départ, d’un retour et surtout d’une reconversion.

Je suis née à Cannes, j’y ai fait mes études en technique de commercialisation : le commerce pourtant m’intéressait peu, je n’étais pas tellement convaincue que c’était ma voie. Une opportunité s’est ouverte pour un départ en Suisse : je l’ai saisie et je me suis mis à travailler à Genève. Une carrière dans le trading d’énergie et le Forex. Le Forex c’est de l’échange de devises, une activité abstraite, nébuleuse, où personne n’a vraiment conscience de ce que l’on fait. Le trading d’énergie au contraire, c’est très concret : on visualise immédiatement les pauvres gens tout au bout de la chaîne, ceux qui vont extraire du charbon.

J’étais à mon bureau et j’ai eu comme un électrochoc : qu’est-ce que je faisais là ? Je me suis dit « Stop ! », il fallait que ça change, que je change.
Je suis partie en Inde, je voulais tenter autre chose, m’accomplir dans une activité qui ait du sens pour moi. Trouver une mission a été une belle galère : je n’avais pas les compétences requises pour travailler avec une grande organisation et j’avais bien conscience que quelque chose clochait dans les propositions de « volontourisme » que je voyais fleurir : il fallait payer pour aider. J’ai finalement trouvé une petite association qui me proposait une voie médiane : je n’étais pas rémunérée mais l’association prenait tout le reste en charge. Surtout, j’avais des fonctions, un cahier des charges, quelque chose de cadré, correctement structuré et rassurant pour moi.

Bioforce était l’option la plus complète

Rentrée à Genève, ma décision était prise, ma carrière devait bifurquer vers le secteur de la solidarité. Il fallait maintenant réfléchir et mettre en place un plan parce que je n’allais pas pouvoir faire du volontariat non rémunéré toute ma vie. Je me suis laissé un an, j’ai écrit un plan d’action et j’ai pris un travail alimentaire dans des fonctions d’administration. Je ne connaissais toujours rien du secteur humanitaire, alors je me suis documentée sur Internet.

Bioforce est apparu rapidement et me paraissait l’option la plus complète. Ce n’était pas un master généraliste avec une option humanitaire mais une formation très opérationnelle qui allait me donner les connaissances les plus concrètes pour que sur le terrain, je délivre des actions qui ont un impact. J’apprends un métier, je vais savoir ce que je fais. Voilà pourquoi j’ai choisi Bioforce. Je me suis préparé au concours de recrutement et je me suis lancée, c’était à la rentrée 2012, le premier pas pour devenir administratrice de la solidarité internationale, pour devenir humanitaire.

Mais mes débuts à Bioforce n’ont pas tout à fait été un rêve éveillé. Il y a dix ans, je n’avais pas la même confiance en moi : tout juste débarquée de Genève où je continuais à faire la navette et quittant le monde de la finance, je me suis trouvée en décalage avec les autres étudiants. Surtout j’avais l’impression qu’on ne me prenait pas au sérieux, j’étais la fille en talons avec son attaché case à roulettes. Je n’étais pas le cliché du backpacker en chaussure de montagne, mais l’environnement urbain lyonnais ne s’y prêtait pas vraiment ! À chaque moment de doute, quand je me disais “Qu’est ce que je fais là ? Je ne connais personne dans ce milieu” je me rappelais que j’avais un objectif, que mon plan d’action tenait la route. Je suis pragmatique, je me suis retroussé les manches, il n‘y avait aucune raison que ça ne fonctionne pas !

En mission, j’ai pris confiance en moi

J’ai dû redoubler d’efforts, j’ai été challengée à Bioforce. J’y ai malgré cela vécu un nombre incalculable de moments forts, j’ai adoré tout ce que j’y ai appris. A la fin de ma formation, j’ai postulé immédiatement chez Médecins Sans Frontières où j’ai décroché un entretien.

Pourtant, en sortant de l’entretien j’ai fondu en larmes : si les tests techniques, de finances, de ressources humaines s’étaient bien passés, les recruteuses lors de l’entretien oral m’ont poussée dans mes retranchements, déterminées à voir ce que j’avais dans le ventre. J’avais l’impression à nouveau qu’on me montrait que je n’étais pas à ma place “Elle, elle a pas la tronche de l’humanitaire”. En fait, en me poussant à bout, elles voulaient savoir si j’étais vraiment prête à travailler dans des zones difficiles. Aujourd’hui en tant que RH, je trouve ça très intéressant d’avoir ce vécu-là. On m’avait dit « Réponse dans un mois » mais 48 heures après l’entretien, j’étais prise.

Médecins Sans Frontières m’a fait partir au Liban. Le pays avait la réputation d’être tranquille, les missions là-bas sont un peu des « récompenses » mais on m’a demandé de m’occuper de quatre cliniques et une maternité qu’on a ouverte dans une petite enclave sunnite dans un environnement chiite. C’était chaud ! C’était aussi stressant qu’exaltant, simplement incroyable. J’ai eu trois jours de passation avec la personne qui occupait le poste avant moi et je les ai passés à la regarder intensément pour comprendre tout ce qu’elle faisait. Résultat, je me suis bloqué le cou ! Le lendemain de son départ, pour le premier jour seule sur le poste, j’étais incapable de sortir du lit ! La honte ! L’horreur ! Et tout ça à cause du stress de ne pas y arriver ! Ma cheffe de mission m’a permis de relativiser et prendre confiance en moi. Elle me disait : « Si tu t’arrêtes et que tu ne finis pas ta tâche, est-ce que quelqu’un meurt ? Non ? Alors, viens on va aller manger et on reprendra demain ». Avec l’équipe on était seul, presque confinés avec un couvre-feu à 20h et un espace « sécurisé » de 100m de long. On a tenu sept mois, ensemble 24/24.

Je me sens bien, à ma place

En mission tout est toujours plus fort, les émotions sont exacerbées, les disputes comme les amours. C’était assurément ma plus belle mission, peut-être parce que c’était la première, en tout cas celle où j’ai le plus appris, probablement parce que le Liban ne laisse ni indifférent ni indemne.

MSF m’a fait partir ensuite en Syrie et en République Démocratique du Congo. J’ai ensuite fait un break, je me suis installé aux États-Unis avant de revenir en Suisse. Aujourd’hui je travaille à Genève, pour le CICR, le Comité International de la Croix-Rouge où je viens de démarrer un nouveau poste dans la gestion des partenariats RH au sein du mouvement Croix Rouge.

De la finance au CICR, mes pas m’ont finalement ramenée à Genève. Je suis contente de mon parcours, je ne sais pas si je suis fière, mais je me sens bien, à ma place, je fais les choses qui ont du sens pour moi. Je me fiche des positions hiérarchiques ou du statut social… et c’est une liberté d’esprit.

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