Une immersion grandeur nature

Pour les élèves du centre Europe, la semaine d’intégration se déroule dès la rentrée dans le massif du Vercors. « L’immersion » est le premier temps fort du cursus. Entre randonnée et temps de réflexion sur l’engagement humanitaire, il vise à créer de la cohésion et faire passer des messages clés qui seront développés tout au long de la formation, tout en autonomisant les élèves.

Anne-Catherine a suivi une formation diplômante de Coordinateur de projet de l’Action Humanitaire à Lyon en 2017. Elle est aujourd’hui coordinatrice de programme pour le Secours Islamique France à Dakar. Nous lui avons demandé de nous raconter cette première rencontre avec la pédagogie Bioforce.

Comment t’es-tu préparée à cette rentrée ?

Anne-Catherine, CPAH 2017 J’étais dans un état de surexcitation assez poussé : l’acceptation de ma candidature a coïncidé avec l’octroi d’une bourse. Lors de la candidature, j’avais demandé à loger dans le quartier des Minguettes, dans des logements qui sont à proximité du centre de formation. J’étais excitée, impatiente et j’avais prévu d’arriver à Lyon une petite semaine avant la rentrée à Bioforce, le temps de m’installer. Quand je suis arrivée à l’appartement, il n’y avait pas d’électricité : heureusement, c’était l’été, ce n’était pas très grave.

L’intégration arrive vite après le jour de rentrée. Tu étais prête ?

Je randonne régulièrement, donc oui, tout était prêt. Et j’avais pris contact avec d’anciens étudiants avant la rentrée. Ils ne m’ont pas révéler grand-chose, seulement de bien écouter, et m’ont donné des petits conseils : « dors bien avant » et « montre ta motivation ». C’est tout ce qu’il fallait, c’est vrai. Cette immersion, je l’ai vécue avec une émotion indescriptible. Franchement, je planais complètement ! Moi, ça faisait longtemps que je n’avais pas été en cours, je reprenais mes études à 37 ans. Ça faisait pas mal de temps que je n’avais pas vécu ça. Mais je me souviens avoir eu une espèce d’énergie, de joie et de bien-être général.

Du stress, il y en a tout de même eu avant de partir : on part sans trop savoir comment les choses vont se passer, on découvre tout au dernier moment. Lors de la préparation de l’immersion, on attribue un rôle à chacun : logisticien, navigateur, journaliste… J’ai pris le lead, j’étais coordinatrice avec une autre personne et je m’y croyais vraiment, j’étais à fond dans le rôle.

Je me souviens surtout des paysages fabuleux lors de la marche, mais aussi des moments, parfois compliqués pour certains, moins sportifs, qui avaient du mal. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de faire de la randonnée, ce n’est pas simple, mais on était solidaire : « On arrivera tous ou on n’arrivera pas ! » On chantait à tue-tête pour motiver les troupes. Certains avaient très mal aux genoux et ont tenu coûte que coûte. Il faut de la force mentale, particulièrement pour ceux physiquement moins préparés, parce qu’il y en a des kilomètres ! La nuit, les conditions étaient rudes et certains ont du dormir dans des tentes dehors. En montagne en septembre, il fait froid : nous avons tous partagé nos couvertures et on a trouvé des solutions, ensemble.

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Entre les journées de marche il y avait les debriefs. Ce sont des moments très importants, où chacun peut s’exprimer. Il faut prendre en compte comment tel comportement peut impacter le groupe et ça permet en plus de garder un peu de distance et de recul. Il y a également des ateliers de réflexion en groupe sur des thèmes comme « Pourquoi j’ai choisi de faire de l’humanitaire ? » L’après-midi, on écoute les rapporteurs faire un résumé des réflexions de chaque groupe. J’avais trouvé certaines interventions très sincères, certains ont exposé leurs failles, c’était très touchant et j’ai encore en mémoire certaines de ces interventions aujourd’hui.

En fait, je pense que chacun d’entre nous, on a eu des rencontres marquantes dès cette semaine de rentrée. J’ai rencontré des gens qui sont encore aujourd’hui parmi les gens qui me sont les plus proches. Cette semaine, elle crée du lien parce que là, on se connaît mieux et on se côtoie autrement : on marche, on est dans les difficultés. On est rentrés épuisés, on sentait mauvais, mais on a tout de suite fêté le retour des héros dans le café au pied des immeubles à côté de Bioforce. J’en garde vraiment de bons, de très bons souvenirs.

Que t’ont apporté ces journées pour la suite de la formation ?

J’y ai compris combien le mot « utile » est important et que chaque rôle est important pour le bon fonctionnement général. La semaine d’intégration m’a appris ça, et ça me suivra tout au long du cursus : « je ne suis pas là pour jouer solo ». On comprend le rôle de chacun, la complémentarité. Dans l’humanitaire, la transversalité et l’esprit d’équipe, c’est vraiment important. Une mission ne se passe pas de la même manière selon que tu es dans cet esprit d’équipe ou avec un collègue qui ne pense qu’à lui.

Bioforce amène le côté humain, le relationnel, le « savoir-être ». Ces moments-là sont importants : ils permettent de vivre, de comprendre et d’expérimenter. Je n’aime pas faire de l’administratif, mais des exercices comme ceux menés par Bioforce te forcent à comprendre combien c’est crucial dans ta mission, tous tes documents doivent être nickel. En mission tu as toujours ça dans un coin de ta tête. Tu te dis : « OK, avant de prendre une décision, je vais en parler à l’équipe logistique, ou aux fonctions administratives ». Et puis, à Bioforce pendant cette semaine et au-delà, on insiste beaucoup sur le « savoir-être », et ce n’est pas inné chez tout le monde. On ne sait pas trop quoi mettre derrière cette notion au début, ce n’est pas si évident. En fait ce qui est important, c’est de bien garder cette notion en tête, de refréner ses humeurs, de ne pas prendre la tête à tout le monde. Si je sens que mon équipe ne va pas bien, je dois me débrouiller autrement en termes de management, modifier ma posture. Ça ne va pas me changer, moi, de manière intrinsèque, mais ça permet de pouvoir fonctionner dans un groupe, comprendre quel est l’impact qu’on porte sur les autres.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants pour cette immersion ?

Bien préparer la journée de réflexion, pour ne pas être pris au dépourvu ! Et puis, un petit truc pratique et basique c’est se préparer à la randonnée : avoir des chaussures, les user un peu avant pour ne pas se faire mal aux pieds, des pansements pour les ampoules, voyager léger, et prendre beaucoup à boire, c’est important. Sans oublier crème solaire et casquette, il peut faire chaud. Et même si dans l’équipe de rando on n’a pas le lead et qu’on pense qu’on ferait mieux, il faut l’accepter et être sympa avec ceux qui sont en charge.

Préparez-vous au terrain !

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