Le déclic : se former en coordination de projet

Psychomotricienne de formation, Noémie est depuis toujours impliquée dans l’associatif et l’humanitaire. Après une mission à Madagascar et un poste en France, toujours en tant que psychomotricienne, elle ressent le besoin de repartir à l’étranger, direction Israël et la Palestine cette fois-ci. A la fin de sa mission, on lui propose un poste de coordination, mais elle sent bien qu’il lui manque les outils nécessaires. C’est le déclic, elle se met à la recherche d’une formation. Ses proches lui parlent de Bioforce et, grâce à une aide financière de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, elle peut suivre une formation de six mois en coordination de projet  à Bioforce. La formation  se termine à peine quand le confinement est annoncé début mars. Noémie contacte diverses associations et finit par décrocher une première, puis une seconde mission, avec la Croix-Rouge.

Sa première mission dans un centre d’hébergement d’urgence

Je n’ai pas voulu rester inactive pendant le Covid donc je suis retournée dans ma région – je suis d’Annecy – et j’ai contacté la Croix-Rouge, en leur disant que j’étais disponible et motivée. Ils m’ont tout de suite rappelée pour me proposer un poste d’agent d’accueil dans un centre d’hébergement d’urgence qui accueillait 47 personnes. J’y ai travaillé de début avril jusqu’à fin mai, à sa fermeture, aux côtés d’une assistante sociale, déjà énormément sollicitée, donc je l’ai aidée dans les démarches administratives dans la mesure du possible.

Ce centre a été réquisitionné par l’Etat dans le but d’isoler, d’assurer la sécurité et l’accompagnement des personnes redirigées par le 115. Il s’agissait d’accueillir ces personnes, rédiger leur contrat, leur expliquer le règlement intérieur, leur rappeler tous les gestes Covid, y compris l’importance de s’isoler. La majorité étaient des personnes sans domicile fixe, ayant donc l’habitude d’avoir une grande liberté de mouvement et qui ne comprenaient pas forcément l’intérêt de s’isoler. Il s’agissait aussi d’assurer un accompagnement social, à ces personnes qui ont besoin de parler et d’être écoutées sans jugement.

Il y avait également la gestion quotidienne des demandes des hébergés : aide dans leurs démarches administratives (CAF, Pôle Emploi etc.), mise en relation avec des centres d’accueil. Il m’a fallu aussi gérer les conflits au quotidien, assez fréquents en collectivité, d’autant qu’il y avait également des problématiques d’addiction. Il fallait enfin assurer le service des repas, et veiller à l’entretien des locaux.

Puis une seconde en tant que responsable d’un centre de desserrement et d’isolement

Peu après la fermeture du premier centre, la Croix-Rouge m’a rappelé pour être la responsable du centre de desserrement et d’isolement de Haute-Savoie du Covid, également réquisitionné par l’Etat. Ce centre, à l’origine un centre de colonie de vacances, a été créé pour permettre aux personnes malades sans gravité, donc ne nécessitant pas une hospitalisation, d’être isolées. Cela concernait donc ce qu’on appelle le grand public, soit les personnes qui ont un logement mais ne peuvent pas s’isoler chez elles à cause d’un entourage peut-être plus vulnérable. Cela concernait aussi les personnes des centres d’hébergement d’urgence, qui sont à la rue, mais ne peuvent pas s’isoler parce qu’elles n’ont pas d’autres moyens.

J’ai travaillé en partenariat avec quelqu’un de Médecins sans frontières (MSF) qui était intervenu sur des réponses Ebola, notamment au Congo en 2014, et qui avait tous les protocoles sanitaires propres à l’isolement. Comme c’était un ancien centre de vacances, les effectifs nécessaires au centre étaient déjà sur place. Il fallait mettre en place toutes les procédures, tous les contrats, toutes les conventions de partenariat avec les médecins etc., assurer un suivi régional et national de l’évolution du centre. Le centre, qui accueillait 56 personnes, a ouvert début juin et a fermé le 10 juillet.

Au début il y a eu toute une partie administrative très complexe, liée aux financements qui devaient être pris en charge par la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale) et l’ARS (Agence régionale de la santé). Outre ces procédures et leur suivi, il fallait aussi assurer la formation des professionnels qui allaient accueillir les hébergés. C’est là qu’est intervenue la personne de MSF, entre autres pour rassurer les effectifs sur place, aussi angoissées qu’une grande partie de la population par rapport au virus. Il fallait aussi assurer toutes les commandes du matériel de protection ainsi que celui permettant d’aménager l’espace. Quand la directrice de la colonie de vacances devenue centre a pris la direction de son équipe, elle a eu besoin de notre soutien sur ce qu’il fallait faire ou pas. On a assuré un suivi hebdomadaire avec la DDCS, fait signer les conventions, organisé des réunions de coordination avec tous les centres d’isolement de la région. A la clôture du centre, j’ai fait venir une société qu’on avait contacté pour tout désinfecter, récupérer le matériel et tout stocker.

Une formation en adéquation avec le terrain

Ma formation a été très bénéfique sur le plan du management, grâce à mes connaissances des outils Excel, etc. Je me suis très vite rendue compte que c’est indispensable, surtout après avoir vu les outils utilisés dans les centres. Toute la partie de ma formation Bioforce concernant les conventions de partenariat, les financements, les budgets, la logistique, comment mettre les personnes en sécurité, communiquer avec elles, a été très utile. J’ai également bénéficié de mes connaissances acquises en RH, après l’ouverture du centre – j’ai repris les fiches de poste des salariés des autres centres, le règlement intérieur, etc. C’est grâce à ces connaissances d’ailleurs, ainsi que mes deux expériences pendant et après le confinement, que la Croix-Rouge m’a à nouveau contactée pour mener à bien l’ouverture imminente d’un nouveau centre en Haute-Savoie.

Devenez Coordinateur de projet

Comme Noémie, formez-vous avec Bioforce au métier de Coordinateur de projet de l’action humanitaire. Formations à Dakar et à Lyon.